pranayamaKapalabhati est, comme bhastrika, une technique ventilatoire d’amélioration de l’état de santé et  de restauration de l’équilibre (homéostasie) physique, psychique et spirituelle. Elle est issue du yoga et plus précisément du pranayama, sa discipline du souffle et du contrôle (yama) de la pression ventilatoire (Prana).

Une étude  a utilisé la spectroscopie proche infrarouge fonctionnelle pour étudier l’effet de Kapalabhati sur les changements du débit sanguin dans les cortex préfrontaux bilatéraux de 18 personnes en bonne santé et de 18 patients schizophrènes. Les résultats ont montré qu’il y avait une augmentation significative de l’hémoglobine oxygénée préfrontal bilatéral chez des sujets sains pendant la pratique de KB. Cela suggère un effet possible de cette technique de ventilation sur l’hémodynamique cérébrale, sur le niveau de vigilance et peut-être aussi une action consolidatrice sur les souvenirs traumatiques. les patients schizophrènes souffrent d’instabilité de leurs souvenirs traumatiques et sont particulièrement à risque de développer des syndromes traumatiques ou des états de stress post traumatiques. La prévalence de l’état de stress post traumatique dans la schizophrénie a été estimée à environ 16 %.

Il s’agirait là, non seulement, d’une pratique de détoxification chimique et bio-mécanique mise en oeuvre pour nettoyer le système respiratoire, mais aussi d’un puissant neurofeedback qui réactualiserait et consoliderait les souvenirs aversifs pour permettre au corps, au souffle et au mental de se relâcher tout en restant réactif à la survenue d’un danger. Son levier d’action serait principalement le système parasympathique. Ce serait donc une pratique anti-stress  forte utile pour intégrer toutes les sources de tensions et restaurer rapidement sa condition naturelle tout en préservant notre intégrité.

La technique implique essentiellement une posture assise, correcte et favorable à la mise en oeuvre  d’expirations actives, brusques, énergiques et d’inspirations passives, douces et relâchées. Sa mise en oeuvre est graduelle et toujours exempt de rétentions pleines et forcées.

Après la mise en oeuvre de kapalabhati et pendant la suspension du souffle (kévala kumbhaka), le CO2 accumulé se dissout dans le sang. Passé en phase aqueuse, le CO2 forme un acide: le H2CO3; de l’acide carbonique qui lui-même réagit pour former l’ion carbonate et l’ion hydrogénocarbonate, encore appelé bicarbonate. Le bicarbonate synthétisé à partir du CO2 et de l’H2O a une action anti-inflammatoire reconnue sur tous les organes et en particulier les reins ou le cerveau.

Les chercheurs ont découvert que le bicarbonate stimulait l’apparition de macrophages anti-inflammatoires (M2) dans la rate. Les macrophages sont des cellules qui interviennent pour absorber les déchets de l’organisme, comme les débris de cellules mortes: Ils sont souvent parmi les premières cellules qui arrivent sur un site lors d’une réponse immunitaire. Le nettoyage des tissus est essentiel pour que celui-ci se régénère et se remodèle correctement. Notre corps se nettoie toujours avant de se régénérer…

Cette réaction anti-inflammatoire  associée à kévala kumbhaka (que vous expérimentez pendant le cours) pourrait expliquer pourquoi la pratique du yoga traditionnel est efficace dans la plupart des maladies à composante inflammatoire (asthme, tendinite, maladie de Crohn, arthrose, maladies cardio-vasculaires, maladies coeliaques, cancer, Alzheimer, maladies auto-immunes (diabète, sclérose en plaques, polyarthrite…), maladies infectieuses chroniques et aussi, plus modestement, dans l’absence de courbatures… au lendemain du cours. Mais cette réaction est avant tout une condition essentielle à la préservation de notre réactivité en l’état de tranquillité.