La position allongée latérale pendant le sommeil améliore le système d’évacuation des déchets cérébraux dont le fameux peptide bêta-amyloïde, responsable des lésions d’Alzheimer.

Tout commence en 2012 lorsqu’ une équipe de l’université Rochester (Etats-Unis), menée par la chercheuse Maiken Nedergaard, découvre l’existence d’un système spécifique de nettoyage du cerveau (clairance) qu’elle nomme système « glymphatique ». Le système glymphatique est constitué de cellules gliales en forme d’étoile appelées astrocytes, qui forment un réseau de canaux d’eau (ou espace interstitiel) entourant les vaisseaux sanguins du cerveau. Grâce à lui, les déchets produits par les neurones dans le liquide interstitiel sont évacués dans le liquide céphalo-rachidien (qui entoure le cerveau et la moelle épinière) avant d’être éliminés par le réseau veineux.

L’espace extracellulaire (interstitiel) dans le cortex du cerveau de la souris à travers lequel se déplace le liquide céphalo-rachidien se dilate pendant le sommeil. Il passe de 14% chez l’animal éveillé à 23% chez l’animal endormi. Cette dilatation permet d’évacuer plus rapidement les déchets métaboliques pendant le sommeil. Ce système glymphatique, visible avec des techniques d’imagerie, est plus actif durant les phases de sommeil que durant l’éveil. Pourquoi ?

D’après les scientifiques, c’est la présence de noradrénaline pendant l’éveil qui augmente le volume des cellules gliales, ferme l’espace interstitiel et perturbe ainsi l’évacuation des déchets métaboliques. Il se trouve que la noradrénaline, produite par le système orthosympathique, augmente l’attention et la vigilance et nous met sur le « qui-vive ». Pendant le sommeil, son excès déclenche la rumination  incessante des griefs, des craintes, des problèmes, provoque l’insomnie et surtout perturbe l’évacuation de nos déchets métaboliques.

Ce système glymphatique est un système de nettoyage primordial pour le fonctionnement cérébral. En effet, lorsqu’il est moins efficace, les déchets s’amoncèlent, ce qui est notamment le cas dans la maladie d’Alzheimer. Le défaut de clairance est ainsi responsable de l’accumulation de peptides A béta mal conformés, qui s’agrègent, à la longue, en plaques amyloïdes, les lésions typiques de la maladie.

En 2015, cette équipe de l’université Rochester, associée à une autre de l’Université Stony Brook (Etats-Unis), a présenté de nouveaux résultats dans the journal of neuroscience (2 ). Elle affirme que « le niveau d’éveil, mais aussi la posture corporelle, pourrait affecter l’efficacité du nettoyage des déchets cérébraux. » 

Pour vérifier cette hypothèse, les chercheurs ont contraint trois groupes de rats anesthésiés à dormir en position dorsale, latérale ou ventrale. Ils ont ensuite examiné leur cerveau avec une technique d’imagerie dite d’IRM renforcée par contraste dynamique. Ils ont tout d’abord mesuré le volume d’échanges de fluides entre le liquide interstitiel et le liquide céphalo-rachidien, correspondant au niveau de « nettoyage » du cerveau. Puis, grâce à un traceur fluorescent, ils ont visualisé spécifiquement la clairance du peptide A béta pour quatre zones cérébrales distinctes, l’hippocampe (mémorisation), le cervelet (contrôle des mouvements), le mésencéphale (vision, audition) ou encore le cortex orbito-frontal (décisions).

Les résultats sont sans appel. Quelle que soit la zone cérébrale observée, le plus grand échange de fluides, donc le plus grand nettoyage des déchets cérébraux, y compris celui du peptide A béta, se produit lorsque l’animal se trouve en position latérale. La position ventrale étant, au contraire, la moins favorable.

« C’est probablement une question d’équilibre entre le système vagal /sympathique (système nerveux autonome) et la commande respiratoire, explique Helene Benveniste de l’université Stony Brook, co-auteure de l’étude.

Recommanderait-elle alors de dormir sur le côté pour une meilleure santé cérébrale ? Loin s’en faut car cette étude n’a été faite que chez le rat. Mais il faut quand même y accorder de l’attention puisque cet effet sur le cerveau est connu depuis toujours par les yogi et est intégré dans un yoga dédié au sommeil: le yoga nidra.

Sources:

(1) https://www.nih.gov/news-events/news-releases/brain-may-flush-out-toxins-during-sleep

(2) https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4524974/