
Les cellules nerveuses individuelles réagissent à de nombreux stimuli négatifs tels que le goût amer, la peur, la douleur, la soif ou l’inconfort physique ou la fatigue. Elles transmettent alors ces informations au cortex insulaire qui s’active pour les traiter et donner du sens intéroceptif à soi-même
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Ce traitement insulaire permet d’apprendre des expériences douloureuses ou difficiles pour s’éviter de futures situations néfastes. Le rôle du cortex insulaire est de coder les perceptions corporelles intéroceptives déstabilisantes ou inconfortables pour se les rappeler et réagir si besoin est.
Ce rôle s’est clairement révélé après désactivation de l’activité électrique du CI, chez la souris, pendant le comportement d’apprentissage de la menace. Les souris deviennent alors incapables de s’auto-réguler et ne peuvent plus coder négativement un événement douloureux en mémoire traumatique. Elles deviennent alors non seulement incapables de lutter, de fuir ou de se figer lors de l’administration d’un léger choc électrique, mais aussi de se rappeler et d’anticiper l’événement traumatique. Elles paniquent et sombrent dans un état de soi, hors contrôle et vulnérable.
La cessation d’activité du cortex insulaire enlève la sensation intéroceptive désagréable normalement associée à un événement, le rappel de cette sensation, mais aussi l’apprentissage d’une réaction adaptée. Elle coupe la conscience de son corps et de sa propre réalité passé, présente ou future.
Lorsque le CI est au contraire activé, en état de stress non traumatique, le CI transmet de l’information à l’amygdale, au noyau accumbens et au cortex moteur via trois voies différentes. On sait désormais que ces trois régions du cerveau régulent directement notre comportement et notre fatigabilité.
L’activation de la voie neuronale du cortex insulaire à l’amygdale provoque les ajustements comportementaux associés à la peur: la souris se tend, réduit sa consommation de nourriture, ses contacts sociaux, sa capacité à porter secours aux autres (empathie) et l’exploration de son environnement. Lorsque les chercheurs ont supprimé l’activité de cette voie, les animaux ont moins peur et paraissent plus détendus et sociables.
L’activation de la voie menant au noyau accumbens a un effet similaire à celui d’une maladie ou d’un état anxieux: les souris cessent de manger. En inactivant cette voie, les animaux mangent même lorsqu’ils ont la nausée.
Enfin, l’inhibition du cortex moteur primaire par l’insula (cortex insulaire) est à l’origine du sentiment de fatigue ressenti après des efforts physiques trop intenses ou à cause du stress. L’inactivation de cette voie n’a pas encore été explorée.
Le cortex insulaire est plus ou moins réactif en fonction de la clarté des perceptions, mais aussi des peurs et traumatismes accumulés. Son activation est proportionnelle à la difficulté perceptuelle des stimuli négatifs (image floue, bruyante…).Certains seront plus ou moins résistants à l’effort, à la douleur ou à la fatigue et d’autres seront plus réactifs à l’anxiété ou aux émotions négatives en fonction de leurs expériences et de leur capacité à réguler leur cortex insulaire.
Certaines expériences de yoga traditionnel dites « enstatiques » semblent impliquer le cortex insulaire. Le fait de ne plus ressentir ses ruminations mentales, ses acouphènes, les bruits de son cœur, ses douleurs, son anxiété ou sa fatigue nerveuse, après le cours pourrait peut-être correspondre à une désactivation partielle et volontaire du CI. D’autres, un peu plus déstabilisante, comme une sortie hors du corps, pourraient l’être également.
Cet état « enstatique » serait il la conséquence d’ une action régulatrice émanant du cortex insulaire ?